Prologue
Dimanche 8 Mai 2022 15H30 – Strasbourg
Le repas familiale était terminé ou, plus précisément, toute la famille venait de manger le dessert, les parents et mamie sortaient faire une promenade et, malgré leur insistance habituelle, les enfants avaient réussi à y échapper en justifiant qu’ils voulaient rester à la maison avec papi qui avait surement des anecdotes à raconter. Nul n’était dupe, les enfants savaient très bien que leur grand-père allait s’endormir sur son fauteuil, son café fumant à peine entamé à ses cotés, ce qui leur permettraient de sortir leurs consoles et leurs tablettes. Ils avaient un grosse heure devant eux avant le retour des parents et d’attaquer les tartes de mamie qui mettraient le point final au traditionnel déjeuner du dimanche vers 17H30.
Assis sur le canapé, coincé entre le l’accoudoir gauche et sa grosse cousine Odile, Norman se demandait si cette balade d’un peu plus d’une heure pouvait faire quelque chose face aux cinq mille calories du repas de mamie.
- L’avantage est qu’après le déjeuner du dimanche on passe directement au petit déjeuner du lundi matin, pensa Norman à haute voix.
- Oui, nous aussi on ne mange rien le soir, répondit machinalement Odile en tapotant sur son smartphone.
- Ça me fait penser à une anecdote s’exclama papi soudainement bien réveillé.
L’anecdote de papi
Mardi 4 Mai 1965 17H30 – Quai de l’Ill, Strasbourg
Il pleuvait ce jour là mais il faisait bon. Je ne me souviens plus de la température exacte mais je dirais entre quinze et vingt degrés. Je n’ai jamais aimé ce type de temps, déjà à l’époque je ne savais pas comment m’habiller mais, à la différence d’aujourd’hui, je n’avais pas trop le choix coté vêtement. J’avais quinze ans et je portais souvent un pantalon en velours à patte d’éléphant avec un bomber dont j’étais très fier. C’était un MA-1, l’intérieur était orange. Il avait un col en tricot et j’étais le seul de ma classe à…
- C’est une anecdote sur la mode! interrompit le cousin Franck.
- Euh non, répondit grand-père, c’était une digression.
- Ah ouin, dit Odile.
Suite à son exclamation, Norman remarqua qu’Odile était attentive à l’histoire de papi. Fait assez rare tant elle vivait dans son monde parallèle des réseaux sociaux où elle était, tous devaient bien l’avouer, assez populaire pour ses conseils en habillement pour femmes rondes. De haut de ses seize ans, elle était suivie par un grand nombre de femmes mais de l’avis de ses parents, et de toute la famille qui restait discrète sur ce sujet, il eut été préférable qu’elle se concentre sur ses études car après avoir été une bonne élève au collège, ses résultats devinrent assez faibles au Lycée.
Comme je le disais, en ce début de mois de Mai le temps était chaud et humide. Je transpirai sous mon bomber. C’était très désagréable. En sortant du lycée, je décidais de m’écarter du chemin de la maison. Je ne devais pas sentir très bon et je voulais éviter les quolibets de mes copains. Je me suis dirigé vers le Pont Royal. Il était encore en travaux.
- C’est le pont devant le temple protestant? Demanda Odile.
- Pas tout à fait, c’est le Pont Auvergne qui passe devant le temple. Le Pont Royal c’est celui qui est à coté, répondit papi.
- Oui je vois, c’est le pont qui mène à la piscine, aux bains municipaux, précisa Norman.
- Exact, confirma papi avant de reprendre son récit.
Le Pont Royal était en travaux. L’inauguration n’aurait lieu que quelques mois plus tard. Durant l’été, je ne me souviens plus très bien de la date précise. C’était surement en juillet.
Des panneaux n’autorisant l’accès au pont qu’aux personnes y travaillant étaient bien visibles mais, à cette époque, nous considérions cela plus comme un conseil et non comme une interdiction. Il n’y avait pas d’ouvriers en vue. Information utile car, contrairement à de nos jours, en 1965 un contremaitre pouvait mettre une claque à un ado qui accédait indument à un chantier. Je traversais tranquillement le pont et c’est là qu’une idée bête me vint. Je décidais qu’il serait plus agréable d’enlever mon bomber malgré la pluie. J’étais presque arrivé de l’autre coté du pont. Je posais mon sac d’école. J’enlevais mon bomber. Je m’abaissais pour récupérer mon sac et d’un geste maladroit ma veste d’échappa. Je la vis chuter jusqu’au pied du pont. J’étais très en colère contre moi-même. Je repris vite mon calme. J’avais de la chance. Mon bomber n’était pas tombé dans l’eau. Il semblait accroché à une branche au pied du pont. Je décidais de descendre le rechercher. Les échafaudages allaient m’aider. Je n’ai jamais été un grand sportif mais j’étais assez mince et athlétique. J’atteignais sans soucis le pied du pont. Je me tenais sur l’étroite berge rendue glissante pas cette fine pluie. Ma main tenait fermement la barre métallique de l’échafaudage. Je voyais ma veste mais elle n’était pas retenue par une branche mais par une main! Et cette main appartenait à une jeune femme qui était totalement nue à l’exception d’une étrange culotte semblant être en lin gris-vert. Elle avait un visage doux et souriant en parti caché par une longue chevelure blonde hirsute.
- Guten Tag! Ich bin die Fee von Ill, me dit-elle comme si de rien n’était.
- Euh oui. Guten Tag. Ich heiße Franz.
Comme votre grand-mère vous l’a répété cent fois, je suis l’Alsacien qui parle le moins bien Allemand de l’histoire. Mon truc a toujours été les Maths.
- Excuse moi papi mais tu nous dis que tu as rencontré une fée! Interrompit Norman.
- Oui c’est ça mais laissez moi vous raconter l’histoire jusqu’au bout. Pour une fois, je m’en souviens bien.
La fée me regardait avec un grand sourire.
- Sehr schönes Outfit, me répondit-elle.
- Vous parlez Français, risquai-je.
- Nein Entschuldigung Franz.
- Ich spreche nicht sehr gut Deutsch, avouais-je.
- Ich auch nicht.
Elle ne parlait pas non plus très bien Allemand. Ça m’arrangeait. Les mots échangés restaient simples. Comprenant que « die Sprache der Feen » était la langue des fées et qu’il s’agissait de sa langue natale, j’entamais avec elle une discussion basé sur les gestes. Ce qui me gênait, c’était qu’elle ne lâchait pas mon bomber. Je finissais pas lui demander où elle habitait.
- Wo wohnen Sie?
Elle se mit à dessiner sur la berge ce que je reconnus comme étant le cours de l’Ill. Elle m’expliquait qu’elle habitait bien plus au Sud de la rivière. Je reconnaissais Sélestat et le point qu’elle me montrait était juste à l’ouest de la ville. Elle me montrait ensuite 4 doigts et bougeait sa main vers elle. J’interprétais ce geste comme voulant dire que je devais venir chez elle dans quatre jours.
- Samedi! Samstag!
- Ja ganz.
Je tends mes deux pouces en signe d’approbation. En réponse elle claque des doigts de sa main gauche et disparait dans un sombre éclair, mon bomber avec elle.
Samedi 8 Mai 1965 à l’aube – Strasbourg
Durant la semaine j’avais étudié de près la carte Michelin de mon père. J’avais réussi à identifier correctement le lieu du rendez-vous. Ce ne fut guère compliqué. Je traçais un trait en partant de Sélestat, j’allais droit vers l’ouest et je m’arrêtais à la rivière l’Ill. Il n’y avait qu’une seule commune à proximité: Muttersholtz.
Il faut bien comprendre qu’à cette époque, je n’avais pas de véhicule et il n’y avait pas non plus de loueur de vélo à tous les coins de rue. Je ne pouvais pas me rendre à Sélestat en train et ensuite louer un vélo. Et d’ailleurs! Avec quel argent aurais-je pu faire cela? Un jeune homme de quinze ans faisait bien plus vieux que de nos jours mais il n’avait pas d’argent. C’est ma mère qui m’achetait ou me tricotait la plupart de mes vêtements. Je recevais bien quelques francs pour nouvel an et mon anniversaire mais c’était très peu. La seule possibilité pour moi de me rendre dans le centre Alsace était d’y aller en bicyclette. J’avais une demi-course Peugeot blanche avec une dynamo Soubitez.
Je me souviens très bien m’être levé à cinq heures du matin en même temps que le soleil. J’enroulais dans un kelsch une demi-baguette et un saucisson. Je prenais ma pompe à vélo et je plaçais le tout dans mon sac à dos. Ma mère me surpris juste avant mon départ. Je lui expliquais que j’avais rencontré une fille et que j’avais rendez-vous avec elle près de Sélestat. Elle me regarda sévèrement. Elle me tendis un couteau et lâcha « pour couper le saucisson c’est plus pratique ». Dans ma précipitation, je n’y avais pas pensé! Elle me demanda ensuite de rentrer avant la nuit sinon mon père s’en apercevrait.
Samedi 8 Mai 1965 fin de matinée – Muttersholtz
J’avais dû rouler deux ou trois heures. Je n’avais pas de montre. J’avais entendu les clochers sonner les huit heures. J’arrivais à Ehnwhir, un petit bourg traversé par l’Ill et dépendant de la commune de Muttersholtz. Je me dirigeais vers la berge. Le brume matinale était très épaisse. J’avais écouté à la radio la météo mais ils ne parlaient que de la chaleur atteint à Perpignan où il faisait plus de 30°C ce qui, pour un début mai, était un record. Il ne devait pas faire ici plus d’une dizaine de degrés. Je n’avais qu’un T-shirt blanc et avec l’humidité je grelotais dès que j’arrêtais de pédaler.
Je décidais de laisser ma bicyclette contre un arbre le long de la berge et de me diriger en marchant lentement vers l’amont.
- Salut!
La fée était là. Elle se tenait juste devant moi. Je n’ai jamais compris d’où elle sortait. Je n’avais pas vue d’éclair lumineux. Elle n’était vêtu que de sa culotte en lin et de mon bomber.
- Tu as appris le Français?
- Nein
Dommage pensais-je mais qu’espérais-je? Ce n’est pas parque c’était une fée qu’elle pouvait apprendre une nouvelle langue en quelques jours.
Elle me tendit un étrange bout de carte en partie abimé.
- aWarum hast du zugestimmt, zu kommen
- Euh…Pourquoi je suis venue? Ich weiß nicht
- Ich weiß
- Toi tu le sais! Comment ça? Euh… Wie?
- Ich bin eine Fee. Magie!
- Ah ben oui. Ja, ich verstehe.
- Du willst Nachkommen haben. Eine schöne Nachkommens.
- Was?
Je ne comprenais pas le mot « Nachkommen ». Je décomposais le mot « nach » veut dire « Après » et « kommen » c’est le verbe « venir ». Non je ne comprenais pas.
- Je veux ceux qui viennent? Ich verstehe nicht. Entschuldigung. Je ne comprends pas. Désolé.
- Das ist nicht schlimm.
- Ok, ce n’est pas grave.
Moi je voulais mon bomber et je dois bien avouer que j’étais très attiré par son physique. C’était tout de même une très belle blonde, certes hirsute mais avec un corps ferme, athlétique et avec de très beaux yeux bleus verts.
- Du bekommst, was du willst, wenn du eine Heldentat für mich vollbringst.
- J’ai rien compris. Ich verstehe nicht.
- Du bekommst, was du willst
- Ah oui, j’aurai ce que je veux. Ja, ich verstehe.
Je refais le geste avec les pouces vers le haut. Soudainement je me dis « zut pourvu qu’elle ne disparaisse pas ». Non tout va bien, la fée de l’Ill continuait à me regarder en souriant. Mon air hagard accentuait son sourire. Elle reprit.
- Du bekommst, was du willst. Ja?
- Ja.
- Wenn du machst.
- Si je fais. Ja.
- eine Heldentat. Ja
- Euh Ich verstehe nicht, euh Helden truc
- ein Exploit
- JA! M’exclamais-je
Ce qu’elle ne compris pas sur le moment est que mon exclamation signifiait que je venais de comprendre sa phrase et non que j’acceptais de faire un exploit pour avoir ce que je voulais.
Elle paraissait soulagée. La brume devenait lumineuse autour de nous. Elle claqua des doigts.
Samedi 8 Mai 1965 fin de matinée – au milieu d’un bois
J’étais seul au milieu d’un bois. Je ne me sentais pas dépaysé. Je reconnaissais la flore qui m’entourait. Je devais toujours être en Alsace. Il y avait encore une brume mais bien plus faible. Il me fallu une bonne minute pour me rendre compte que j’avais en main la carte de la fée.
De nombreuses années plus tard, j’appris que cette carte n’avait rien de magique. Il s’agissait d’un extrait de la carte de Cassini qui fut la première vraie carte de France établie à l’échelle au 18ème siècle.
C’est en regardant le dos de la carte que je compris ma mission. Je pensais deviner le dessin d’un anneau assez large et cassé à sa base. Une ruine, probablement d’un temple, était dessiné avec l’inscription « Dachsenrain ». Je ne comprenais pas ce mot mais peu importe. Je comprenais que je devais retrouver ces ruines et y rechercher cet anneau. J’avais presque raison.
Je commençais à avoir faim.
« Comment me repérer sur la carte? » me demandais-je. J’avais la carte, le chemin mais je ne savais où moi je me trouvais par rapport à celle-ci. Je me dis « commençons par chercher le nord ». Je regardais la mousse sur les arbres mais ce fut un échec. Certains arbres en avaient de tous les cotés, d’autres aucun! « Une belle connerie cette histoire de mousse » me dis-je.
Un bruit à ma droite. Je sursautais! Par réflexe, je plaçais mon sac à dos sur mon bras gauche tel un bouclier et je sortis rapidement ma pompe à vélo, la tenant fermement de la main droite. Pourquoi ne pas avoir pris directement le couteau?
Un lynx marchait non loin de moi. Je les croyais disparu en Alsace. Il marchait tranquillement, lentement et silencieusement. Seules quelques brindilles craqués sous ses pas. Il ne prêtais pas du tout attention à moi. Une couleur inhabituelle attira mon regard. De là d’où venait l’animal je voyais une sorte de brique rouge sur le sol. Je m’y dirigeais en étant bien plus bruyant que le Lynx qui tourna son regard vers moi en dodelinant légère la tête me donnant l’impression de me dire « t’es qu’un gros balourd bruyant ». Nous continuâmes dans nos directions opposées. Je rangeais la pompe et je pris le couteau.
La brique était en fait un pavé. Je décidais de suivre ce vieux chemin à moitié enterré, peut-être était-ce une ancienne route romaine. Je choisis une direction au hasard. La brume se dissipait totalement et après avoir avancé une cinquantaine de mètre je vis sur le droite les ruines recherchées.
Samedi 8 Mai 1965 midi – Dashsenrain
J’étais devant le temple enfin ce qu’il en restait. Devant moi il y avait une dizaine de colonnes allant d’un demi-mètre à un peu moins de deux mètres. Toutes en très mauvaises état. Elles étaient largement recouvertes de mousses. Au pied de l’une d’elles, sur ce qui était peut-être le reste du fronton je pouvais y lire « Lucus Augusti ». Nul doute qu’il s’agissait d’un vieux temple romain.
Je m’attendais à devoir affronter un monstre légendaire mais pas du tout. Au bout d’un bon quart d’heure j’avais fait le tour de la ruine. J’étais seul. Mon ventre me rappela l’heure. C’est compliqué de réfléchir le ventre creux. J’hésitais. Etait-ce un sacrilège de manger dans ce vieux temps romain? J’avais trop faim. J’entamais ma demi-baguette avec quelques rondelles de saucisson. Un peu par superstition, je fis très attention à ne faire tomber aucun miette. Je me trouvais un peu ridicule.
Comment retrouver cet anneau cassé? Je décidais de commencer par parcourir de long en large la zone du temple, sans conviction mais avec méthode. Cela ne dura pas plus d’une trentaine de minutes et sans succès.
« Admettons que cet object fut précieux et surtout qu’il fut considéré comme tel à l’époque où ce temple était intact. Où aurait-il été conservé? » Je me posais cette question et je m’avouais aussi que j’en avais aucune idée. C’était d’ailleurs, d’un certain point de vue, le premier temple romain que je visitais. À la cathédrale de Strasbourg c’est dans la crypte qu’un tel objet aurait été conservé. Je partais du centre de l’édifice. Je me mettais à quatre pattes et j’utilisais le couteau pour dégager les zones d’intersections entre les pavés. Je recherchais une pièce souterraine. Après une bonne heure de grattage du sol, je dus bien m’avouer que je ne trouverai rien de cette manière.
«Elle aurait pu me donner un indice! À moins qu’elle l’est fait mais en Allemand et que je n’ai pas comprise cette bien mignonne fée de l’Ill»
- La fée de l’Ill! Ai-je bien entendu?
Je sursautais. Une voix semblait venir d’au dessus de moi mais il n’y avait pas personne.
- Mais qui êtes-vous? Et où êtes-vous? Demandai-je.
- Et bien ici dans le temple.
- Mais je ne vous vois nul part.
- Je suis pourtant devant vous mais pas en même temps. Je vous parle depuis mon époque.
- Quoi? Et c’est quand votre époque?
- Environ deux milles ans avant la votre.
- Ce n’est pas possible, dis-je avec aplomb. Vous parlez Français et cette langue n’existait pas encore.
- Bonne remarque. Vous êtes un homme subtil mais vous avez tord. Croyez-vous vraiment que je vous parle?
- C’est à dire?
- Je communique avec vous par la pensée, c’est pour cela que vous m’entendez dans votre langue natale.
- Il y a une logique dans cette magie très étrange.
- Je vous repose ma première question. Vous parliez bien de la fée de l’Ill.
- Oui, en effet, elle m’envoie rechercher un anneau cassé.
- Je vois mais ce n’est pas un anneau cassé mais c’est son bracelet qu’elle souhaite retrouver.
- Ah oui! M’exclamais-je un peu bêtement.
- Pour l’obtenir, tu vas devoir répondre à une énigme.
- Tel Oedipe devant le sphinx mais, avant cela, puis-je savoir qui vous êtes?
- Bonne question mais non je ne vous le dirai pas car cela pourrait vous donner un indice.
- Alors allez-y, posez votre énigme.
La voix dans mon esprit prononça alors ces mots:
« Je suis devant toi et pourtant tu ne peux pas me voir »
J’hésitais. Ma première idée fut de répondre « vous » puisque la voix m’avez dit être devant moi mais quelque chose n’allait pas dans cette réponse. La voix semblait venir d’au dessus de toute façon même si cela ne voulait rien dire car je l’entendais directement dans mon esprit. Peut-être que deux milles ans dans le passé, cette personne se trouvait devant moi. C’était le ou la prêtresse de ce temple. Où devait se trouvait le grand prêtre dans un temple romain? Aucune idée et si je me retournais…Non! Cela était absurde. Cela ne pouvait pas être la bonne réponse. La réponse avait peut-être un lien avec un dieu romain. La solution m’apparue soudainement.
- Ma réponse est: l’avenir, dis-je avec conviction.
- Excellent!
- Et il s’agit probablement d’un temple dédié à Kronos? Demandais-je
La voix ne répondit pas. Elle s’était tue définitivement. Sur le sol se trouvait un bracelet en or. Je le ramassais. Une sorte de sillon était gravé dessus, à moins qu’il ne fut tout simplement abimé.
Samedi 8 Mai 1965 milieu d’après-midi – Muttersholtz
J’était de nouveau devant la fée de l’Ill. La brume lumineuse s’enfonçait lentement dans le sol. Elle me regardait avec un grand sourire. Je lui tendais l’anneau. Elle le prit, le mit à son poigne gauche. Elle enleva mon bomber et me le tendit. Elle était à moitié nue devant moi. Je pris ma veste et mon courage à deux mains et je l’embrassais. Je glissais ma main vers son…
Epilogue
Dimanche 8 Mai 2022 17H15 – Strasbourg
- Oh oh PAPI! Crièrent les enfants en même temps.
- Non là c’est dégoûtant, s’exclama Odile.
- Un peu bandant quand même, dit le cousin Frank en souriant.
- Non mais enfin c’est papi! Dirent en coeur Norman et Odile.
- Mais c’est quand même grâce à ça que vous êtes tous là, dit papi en levant les yeux au ciel.
- Réfléchis papi! on ne veut pas les détails, répondit Odile.
- Ça veut dire quoi « grâce à ça qu’on est là »? Demande Norman.
- Et bien si je n’avais pas fait l’amour à la fée de l’Ill ce jour là, mes enfants ne seraient pas nés et vous non plus.
- Non mais ça veut dire quoi, redemanda Norman.
- J’ai épousé la fée de l’Ill. C’est votre grand mère.
- Non mais! Non nos parents nous l’auraient dit depuis longtemps, répliquant Norman.
- Non car à chaque fois que j’en parle, Mamie passe derrière, dit un truc, tout le monde la croit et finit par oublier mon histoire.
C’est à ce moment que Mamie et les parents rentraient. Mamie entra dans le séjour.
- Vos parents sont aux étages, annonça mamie que nous regardions tous bizarrement. Quelque chose ne va pas les enfants?
- Papi nous a raconté une anecdote avec la fée de l’Ill, dit Odile.
Norman remarqua que Mamie ne portait jamais d’habit à manches courtes et qu’elle posait régulièrement sa main droite sur son avant bras gauche. L’endroit précis où devait se trouver son anneau.
Mami jetta un regard circulaire à ses petits enfants et elle dit.
- Ah oui je connais cette histoire mais je vais être honnête avec vous. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau au film Legend avec Tom Cruise.
- Oui elle a raison dit Odile.
- Norman, Frank, vous ne l’avez pas vu? Demanda Mamie. Après mes bonnes tartes du dimanche, on va tous regarder ce film.
- Regarder un film après la promenade? C’est quoi cette nouvelle invention chérie? demanda papi.
- J’ai fait deux tartes au lieu d’une seule car j’avais de la rhubarbe et des pommes en réserve, expliqua Mamie.
- Mes deux tartes préférées avec celle à la myrtille, précisa Papi.
Ils mangèrent les tartes de Mamie et après voir regardé le film, toute la famille s’endormit. Les trois petits-enfants furent persuadés que Papi avait inventé toute cette histoire en s’inspirant du film même si Norman ne pouvait s’empêcher de trouver que les oreilles de Mamie, trop souvent cachés sous ses cheveux blonds, étaient étrangement pointus.